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Doug Bell

L’amour, le moteur de ma vie

Doug Bell

J’ai connu deux grands amours : Pearl, mon épouse et mon roc, puis le code Morse.

Les deux ont fait toute la différence dans mon parcours…

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L’Aviation royale canadienne… et Pearl, mon baume contre la déception

Je m'appelle Doug Bell. Je suis né le 15 juin 1926 à Moose Jaw en Saskatchewan. La Seconde Guerre mondiale a éclaté lorsque j'étais en 8e année. J'avais 12 ans. En avril 1943, j'ai rencontré Pearl, et en juin de la même année, je me suis joins à l'Aviation royale canadienne, deux événements qui ont changé ma vie.

Ce dont je me souviens, nous étions trois copains et nous avons fait du stop pour nous rendre à Régina pour nous enrôler. Quel trio nous faisions- prêts à sauver le monde! L'officier nous a inscrits, puis s'est tourné vers moi, "Bell, vous êtes encore trop jeune. Vous devez avoir 17 ½ ans. Vos papiers sont prêts. Vous n'avez qu'à vous rapporter pour votre entraînement en décembre prochain à Edmonton." Voilà mon Noël à l'eau!

L’entraînement

Alors, six mois plus tard, je me suis présenté à Edmonton. Pearl et moi étions maintenant fiancés — un détail important — et j'ai commencé mon entraînement avec les forces aériennes. Les sergents responsables étaient des colosses avec des voix qu'aucun haut-parleur n’aurait égalées! Ils étaient en réalité très sympathiques pour la plupart. Ils ne faisaient que leur travail, après tout.

Patrouille de clôture

L'entraînement de base comprenait beaucoup de marche militaire et des tours de garde sentinelle, ou "patrouille de clôture", comme on le disait. Il faisait très froid. C'était l'hiver et nous portions des bottes règlementaires dont la qualité n’avait rien de nos mukluks.

Parmi nos tâches, nous étions assignés à la surveillance du périmètre du camp. La clôture faisait 7 pieds de haut et nous avions des armes, mais elles n’étaient que des parures. À ce temps-là, un groupe d'Australiens faisait son entraînement au programme British Air Training Program. Disons que ce n’était pas le genre d’hommes à prendre les règlements au sérieux, surtout le samedi soir. Régulièrement, peu après la fermeture des bars, on entendait une voix crier pour prévenir qu’on allait enjamber la clôture. Et de la noirceur surgissaient une douzaine d'hommes à la course, qui grimpaient et sautaient aisément la clôture et continuaient vers leurs baraques. Que pouvions-nous faire? Nous ne pouvions pas vraiment les arrêter. Nos armes n’étaient pas chargées!

Mes rêves

Toute ma vie, j'ai voulu être pilote. J'étais timide à un point tel que si je rentrais un soir où mes parents recevaient, j'entrais par ma fenêtre de chambre pour éviter d'avoir à les rencontrer. Je collectionnais des photos d'avions de toutes sortes et je rêvais aux loups beaucoup. Je ne rêvais que de ça.

Délais interminables

Alors j'ai été sélectionné pour l'entraînement des pilotes en 1943, mais ils nous faisaient attendre. Finalement, ils nous ont envoyés à Régina pour des cours de mathématiques, de rattrapage, nous avaient-ils dit. Nous ne comprenions pas, surtout que nous sortions tout juste du secondaire!

Puis, en 1944, direction : Winnipeg, pour ce qui devait être notre entraînement. Mais non, au lieu, nous avons abouti dans un énorme hangar, le plus grand édifice que j'aie vu de ma vie, pour peinturer des étagères. Il fallait les démanteler, peinturer toutes les parties et les rassembler. On y entreposait les pièces d'avions.

Messieurs…

Et nous avions les parades. Le matin, notre sergent nous accueillait, mais un jour, ce fut un officier. "Messieurs..." dit-il. Un des copains marmonna que les seules occasions où un supérieur nous adressait par ce terme, les mauvaises nouvelles suivaient. L'officier nous informa, effectivement, qu'il y avait déjà  trop de pilotes au front, et que nous avions trois choix : devenir artilleur, artilleur de l'air ou muter vers l'armée de terre. Il attendrait notre décision d'ici le lendemain matin.

Artillerie aérienne

Pearl était toujours de bon conseil, mais j'ai choisi de devenir artilleur aérien à cause de mon père. Papa n’était pas opérateur de radio amateur, mais il s’y connaissait. J’étais jeune garçon quand il m’a montré un récepteur radio à cristal. J’étais fasciné! Il y avait un fil enroulé sur un pivot, qu’on appelait « une moustache de chat » qu’on grattait sur une pierre « cristal » pour syntoniser sur une station radio. C’est ainsi que nous « faisions de la musique sur une pierre ».

En route pour Calgary à l’école de télégraphie! Parmi mes cours : le code Morse et la théorie radio. Nous avions des formations en classe et à bord d’avions Harvard en navigation aérienne et en détection de balises émettrices.  

L’hiver dans les Maritimes

Plus tard, l’entraînement nous a mené jusqu’à l’Île du Prince-Édouard au Mount Pleasant Gunnery School pendant 6 semaines, où je n’y ai pas vu grand-chose! C’était l’hiver et les intempéries étaient d’une violence telle que je n’ai rien vu de la province qu’à bord d’un avion! Il y avait tant de neige que les routes étaient toutes fermées, sauf celles sur la base militaire où nous étions. Ma chambre se trouvait au 2e étage de la baraque, et la neige touchait la vitre! Les pauvres du premier ne voyaient rien.

Tests d’aptitude au tir

Nous nous entraînions dans des Boeing Broker et Blohm bimoteurs, avec des tourelles armées très étroites. On nous assignait des balles de couleurs différentes afin de reconnaître le tireur. Nous étions habituellement trois par équipe. Mes deux coéquipiers étaient deux costauds de plus de 6 pieds. Lorsqu’ils ont testé la tourelle, ils pouvaient à peine bouger. J’étais assez mince et je manœuvrais plus facilement les fusils. Ils m’ont demandé si je pouvais tirer pour eux, et le pilote ne demandait pas mieux que d’avoir un peu plus de temps avec sa famille. Donc, c’est moi qui ai tiré pour nous trois. Lorsque les résultats des tests sont entrés, devinez qui a eu la pire des notes… c’est moi! Et je ne pouvais pas me plaindre au risque de me retrouver en détention!

La guerre est terminée!

Le Jour VE est venu en juin 1945, et le Jour VJ en août de la même année. Nous nous sommes entraînés pendant 6 semaines et figurions sur le registre des équipes destinées au combat sur le front du Pacifique, au besoin. Mais nous avons reçu notre congé, puis j’ai retrouvé Moose Jaw en fête! De toute ma vie, je n’avais jamais vu autant de gens dans les rues et des voitures stationnées dans tous les sens!

Le plaisir d’apprendre

Je ne me considère pas un ancien combattant du fait que je ne suis jamais allé au front. Nous ne pensions ni ne parlions d’une mort éventuelle sur le champ de bataille. Nous vivions l’instant présent. Pour nous, c’était l’apprentissage et la formation. C’était le plaisir.

Vous vous souvenez de l’histoire de la tempête de neige? Eh bien, c’est un très bon exemple : pendant que nous étions sous la neige sur l’Île-du-Prince-Édouard, coupés du reste de la planète, nous en avons profité pour pousser nos connaissances et notre adresse sur les mitrailleuses. Nous nous entraînions à les démanteler et les remonter le plus rapidement possible. Tant et si bien que mes copains et moi réussissions cette opération en moins de deux minutes à la noirceur totale.

Pearl

La présence de Pearl à ce moment crucial dans ma vie a fait que je n’ai pas été trop déçu de ne pas devenir pilote. J’étais complètement amoureux de cette merveilleuse femme! Kath, ma tante préférée, était une femme d’une grande sagesse, forcée par 4 longues années de sanatorium à combattre la tuberculose. Un jour, elle m’a dit : « Doug, toutes les choses que tu as accomplies dans ta vie, tu les dois à Pearl! »

Je suis de tout cœur d’accord avec elle!

La vie au Yukon

Notre expérience dans les camps décrit Pearl à merveille : plusieurs épouses repartaient quelques jours après avoir vécu dans les camps, car la vie y était dure et les maris ne pouvaient donc les voir que durant leurs congés.

Mon épouse est restée auprès de moi et cela dit tout sur qui elle était! Les gens qui ne savent pas ce qu’était la vie dans ce coin de pays à cette époque-là n’ont pas idée de ce que ça exigeait comme endurance et ténacité.

Puis, plus tard, je suis devenu Commissaire du territoire du Yukon, j’étais toujours ce jeune homme timide, malgré mes années d’expérience. Je devais assurer le transfert de la gouvernance à un gouvernement territorial. J’étais si nerveux parfois que j’en avais les tripes tordues. Pour surmonter ma timidité, je me suis inscrit au Toast Masters de Medicine Hat et j’ai mis 15 ans de pratique avant de devenir un conférencier compétent.

Toutes ces tranches de vie, toutes enrichies par la présence de Pearl! Quelle femme! Elle a été notre roc au sein de la famille et je serai reconnaissant envers elle le reste de ma vie.

radio
Carte
  • Photo offerte à Pearl, 1944

  • Doug connait aussi la mécanique automobile

  • Et c'est une bonne chose, car le camion tombe constamment en panne!

  • La passion pour les avions

  • Doug et Pearl, 1944

  • Doug épouse Pearl, son premier amour

  • Le code Morse est une forme de communication très complexe, raffinée à un point tel que les experts se reconnaissent par la technique de transmission.

  • Doug au travail de surveillance électronique des ondes radio soviétique au Centre de surveillance top secret de Whitehorse.

  • Doug au travail de surveillance électronique des ondes radio soviétique au Centre de surveillance top secret de Whitehorse.

  • L'équipement de surveillance électronique au Centre de surveillance top secret de Whitehorse.

  • L'équipement de surveillance électronique se modernise au Centre de surveillance top secret de Whitehorse.

  • Les opérateurs radio en pause.

  • Doug Bell, aujourd'hui.

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